samedi 7 juillet 2012

La santé au travail assassinée par l'Etat

La Santé au travail assassinée par l'Etat


Démoralisé, je suis un médecin du travail démoralisé comme des milliers de confrères médecins du travail.

Même plus la force de me battre face à l'assassinat à petit feu de ma profession, face à ces millions de salariés qu'on abandonne en rase campagne.

Ce qui faisait l'originalité de ce métier si passionnant, c'était de pouvoir faire le lien entre l'individuel et le collectif de travail, de pouvoir comprendre à travers la parole des uns et des autres tout ce qui touche au travail, cet espace si précieux pour une majorité d'entre nous dans l'accomplissement de soi.

Combien de salariés, de chefs d'entreprise avons-nous, dans l'ombre, aidés face aux difficultés, aux incompréhensions, aux risques pour la santé, aux accidents de la vie qui remettent en cause le travail.

J'ai participé avec enthousiasme aux évolutions nécessaires de mon métier, si mal ficelé au départ par des professeurs de médecine prônant l'eugénisme, c'est-à-dire la sélection "des bons salariés", leurre si séduisant pour certains. En 25 ans, en plus de ma spécialité de médecin du travail, j'ai appris l'ergonomie, la psychodynamique du travail, la toxicologie, la conduite d'actions collectives de prévention, le maintien dans l'emploi des travailleurs handicapés, la pluridisciplinarité et même le management d'équipe avec une infirmière de santé au travail.

Mais je n'avais pas compris que l'Etat voulait purement et simplement nous supprimer. Depuis 20 ans, nous n'avons cessé d'alerter sur la démographie médicale des médecins du travail et le départ prévisible des 3/4 de la profession entre 2005 et 2015. Et rien, toutes les filières de formation ont été fermées et il y a deux places d'internes en médecine du travail ouvertes cette année pour le Grand ouest. Pourtant, nous ne coûtons rien à la Sécurité Sociale et nous assurons une mission de prévention importante en ces temps où le travail devient souvent difficile pour les uns et les autres.

Dans mon service, aucun recrutement depuis 2008 et 15 médecins partis ces deux dernières années. L'effectif de salariés pris en charge pour un équivalent temps plein est passé de 2 800 à 4 200. Les perspectives démographiques pour 2017 sont de 7 médecins restants dans mon service pour... plus de 90 000 salariés, soit plus de 12 000 par médecin/temps plein ! Même avec des infirmières de santé au travail, c'est mission impossible.

Impossibilité de faire bien son travail, désarroi face à cette disparition programmée, incompréhensible, signe d'un manque majeur de reconnaissance, pression de plus en plus forte des entreprises et des salariés face aux délais de plus en plus longs de nos rendez-vous,... les médecins du travail s'épuisent dans le silence de leurs cabinets médicaux.

Mais pourquoi ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est bien dommage et grave, personnellement grace à un medecin du travail pugnace, mon cancer de la thyroide a été traité à temps, par la suite , elle a aidé nombre de mes collègues a tenir le coup face à du harcèlement moral

elle nous a donné de nombreux conseils lors de nos visites qui étaient annuelles à traversée les dures épreuves de la vie, pour les femmes et les hommes qui doucement viellisaient face aux jeunes aux dents longues qui voulaient tout rvolutionner avec des méthodes de managemnt .Puis les visites sont devenus tous les 2 ans, puis elle aussi a été mutée ailleurs à cause de sa trop grande compassion envers les salariés.
moi je lui ai dit merci pour avoir su détecter à temps ma maladie et pour beaucoup elle a aidé nombre d'entre nous à suppporter le travail et la vie , elle a peut être aussi par sa gentillesse et son réconfoert à éviter des suicides comme par exemple à France télécomm, dommage mais merci aux medecins du travail

Anonyme a dit…

et que dire du harcèlement moral et du stress au travail ! Parfois les médecins du travail, le "peu" qu'il reste, devraient avoir plus de moyens pour intervenir, le travail n'étant plus aujourd'hui le vecteur d'épanouissement qu'il était autrefois mais souvent un facteur de détresse ! Triste monde...

guevaranita a dit…

BONJOUR , j'aurais aimé m'abonner à vos publications , mais je ne vois pas de newsletter , en tant que syndicaliste ,la question des médecins du travail qui disparaissent petit à petit se pose de façon inquiétante .....Bonne journée et cordial salut , guevaranita